Dans les deux chapitres consacrés aux revenus et salaires ainsi qu’à l’évolution des prix de son rapport annuel sur La Réunion publié le 22 juin 2016 (lire la synthèse de ce rapport sur le site de l’OPMR), l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) observe que, en 2015, le revenu disponible brut des ménages ainsi que le pouvoir d’achat retrouvent une dynamique favorable, comparable à celle d’avant crise. La progression de la masse salariale dans le secteur privé a également été bien orientée (+3,6 %,). Le RSA, qui couvre un tiers des Réunionnais, progresse toujours mais moins rapidement (+2,3 % en 2015 contre +4,8 % en 2014 et 7,8 % en 2013). En matière d’inflation, pour la première fois depuis la mise en place de l’indice des prix à la consommation (IPC) dans les années 60 par l’Insee, observe l’IEDOM, La Réunion affiche un taux négatif. L’IPC des ménages baisse en moyenne de 0,3 % en 2015 (+0,2 % en 2014), alors qu’il est stable en France entière.
Revenus et pouvoir d’achat en hausse
Depuis 2014, le revenu disponible brut des ménages (RDBM) réunionnais retrouve une dynamique comparable à celle d’avant-crise. Le RDBM progresse de 2,7 % en un an, selon les
estimations du partenariat Cerom. Cette hausse se traduit par une augmentation de 2,5 % du pouvoir d’achat (+1,1 % au niveau national), compte tenu de la stabilité des prix à la
consommation des ménages. Ramené à la population, le pouvoir d’achat des Réunionnais s’accroît de 1,8 %.
La masse salariale (près des deux tiers des revenus des Réunionnais) progresse de 4,4 %, soit une nette accélération par rapport à 2013 (+2,3 %). Les prestations sociales en nature
(allocations logement et remboursements de la Sécurité sociale) et celles de la Caisse d’allocations familiales s’inscrivent également en hausse : respectivement +3,2 % et +5,2 %. Selon l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), la masse salariale dans le secteur privé augmente de 3,6 % sur l’ensemble de l’année 2015.
La part des faibles revenus tend à diminuer
Les données de la Direction des finances publiques montrent un poids élevé des foyers fiscaux à revenu très faible à La Réunion. La moitié des foyers fiscaux de l’île déclare en effet un
revenu annuel inférieur à 10 000 euros en 2013, contre un quart des foyers fiscaux au niveau national. Néanmoins, cette part de très faibles revenus tend à diminuer. Par ailleurs, la proportion
de foyers fiscaux non imposables est plus importante dans le département qu’en France métropolitaine, comme c’est le cas aussi dans les autres DOM. En 2013, les trois quarts des foyers
fiscaux réunionnais n’ont pas été soumis à l’impôt à La Réunion, contre la moitié en France métropolitaine.
Les revenus déclarés par les foyers fiscaux (Le terme foyer fiscal désigne l’ensemble des personnes inscrites sur une même déclaration de revenus. Il peut y avoir plusieurs foyers fiscaux dans un seul ménage : par exemple, un couple non marié, où chacun remplit sa propre déclaration de revenus, compte pour deux foyers fiscaux) de moins de 10 000 euros de revenus annuels ne représentent globalement que 8,3 % du total des revenus fiscaux de référence. Parallèlement, les foyers fiscaux, déclarant des revenus supérieurs à 50 000 euros, concentrent 36,9 % des revenus fiscaux, alors qu’ils ne représentent que 7,4 % du nombre de foyers. Cette disparité de revenus, que l’on retrouve dans l’ensemble des DOM, est nettement plus élevée qu’au niveau national, où les foyers fiscaux déclarant les plus hauts revenus sont plus nombreux (9, 9 %) et concentrent moins de richesses (34,9 %).
Les revenus des foyers fiscaux se composent de plusieurs types de revenus : traitements et salaires, revenus d’activité non salariale, pensions et retraites, revenus du capital et autres (foncier,
revenus non professionnels). En 2013, six foyers sur dix déclarent percevoir un traitement ou un salaire. Cette proportion est légèrement moins élevée qu’au niveau national. Un peu plus de trois
ménages sur dix déclarent des revenus du capital. Cette part est bien inférieure à celle de la France entière, où la moitié des ménages est concernée. Un foyer sur cinq fait également mention
de pensions ou de retraites parmi ses revenus. Au niveau national, cette proportion s’élève à un foyer sur trois, en raison d’une part plus importante de la population âgée. Enfin, les revenus
d’activité non salariale ne concernent que 5 % des ménages (6 % en France entière).
Focus sur le revenu de solidarité active (RSA)
La Caisse d’allocations familiales (CAF) enregistre 118 225 foyers bénéficiaires du RSA à fin décembre 2015, dont les trois quarts de ménages au sein desquels aucun membre de la famille
n’exerce d’activité (RSA socle seulement). Parmi les foyers restants, les deux tiers bénéficient uniquement du RSA activité et le tiers restant est concerné par les deux types de prestations (l’un
des membres de la famille exerce une activité mais les ressources du foyer restent inférieures au montant du plafond forfaitaire). 280 317 personnes sont couvertes par ce revenu de solidarité, soit un tiers de la population réunionnaise contre 8 % au niveau national. Le montant total alloué dans le département, au titre de ces prestations (y compris primes exceptionnelles), s’élève à
660,6 millions d’euros sur l’ensemble de l’année, chiffre en progression de 4,4 %.
Le rythme d’augmentation du nombre de foyers bénéficiaires ralentit un peu : +2,3 % en 2015 contre +4,8 % en 2014 et +7,8 % en 2013. Le retour à l’emploi des chômeurs reste difficile, malgré l’amélioration du marché du travail. Bon nombre d’entre eux ont épuisé leurs droits à indemnisation et se tournent vers le RSA pour subvenir à leurs besoins.
Les personnes seules et les familles monoparentales constituent, à part quasi-égale, les deux premières grandes catégories concernées par le RSA. Les personnes seules représentent 39,7 % des allocataires du RSA à fin décembre 2014, alors que la proportion de personnes seules dans la population réunionnaise est un peu supérieure à 8,6 % selon les résultats des recensements. Le constat est le même pour les familles monoparentales (38,6 % des allocataires contre 22,3 % des ménages), dont la situation économique et sociale les conduit souvent à solliciter le RSA. Les couples (avec ou sans enfants) représentent les 22,0 % restants. Plus de la moitié des allocataires ont entre 30 et 49 ans. Les bénéficiaires âgés de moins de 30 ans regroupent un quart du total.
Les salaires en hausse avec de fortes disparités entre les catégories socioprofessionnalles
Depuis 2010, le salaire minimum de croissance (SMIC) est revalorisé au 1er janvier de chaque année, en fonction de l’évolution de l’indice des prix à la consommation et de la croissance
du salaire ouvrier. Il est également revalorisé à chaque hausse de l’indice des prix (hors tabac) supérieure de 2 %. Le gouvernement peut éventuellement ajouter « un coup de pouce » à ces
augmentations. Le Smic horaire brut est fixé à 9,67 € depuis le 1er janvier 2016 sur le territoire métropolitain et dans les départements d’outre-mer, en progression de 0,4 % sur un an (+0,2 %
en 2014). Cette hausse se traduit au niveau national par une légère hausse de 0,4 % du pouvoir d’achat pour les salariés rémunérés au Smic, compte tenu de la stabilité de l’indice moyen des prix
à la consommation des ménages. À La Réunion, cette progression du pouvoir d’achat est de 0,6 % pour cette même catégorie de salariés. Le Smic mensuel brut pour 151,67 heures de travail atteint
1 466,62 €.
Le revenu salarial moyen s’établit à 21 702 euros en 2012, soit au dessus de celui mesuré pour la France entière. La Réunion possède néanmoins un revenu salarial moyen inférieur aux
autres DOM, à l’exception de celui de Mayotte (voir tableau ci-dessous). Il occupe le 6e rang régional (sur 27 régions, par ordre décroissant). Toutefois, cette position masque des situations
très diverses en fonction des différentes catégories socioprofessionnelles. La Réunion représente l’une des régions affichant les revenus salariaux moyens les plus élevés pour les cadres et les
professions intermédiaires (respectivement 2e et 4e position) et les employés (au 5e rang), en lien en partie avec la sur-rémunération des agents territoriaux titulaires. A l’inverse, ceux des ouvriers
qualifiés ou non qualifiés font partie des plus faibles (respectivement 25e et 21e position).
Une inflation au plus bas
L’évolution des prix s’établit à -0,3 % en moyenne annuelle en 2015, soit une contraction inédite pour l’économie réunionnaise. En 2014, l’inflation avait déjà atteint un plus bas à seulement
+0,2 % en moyenne. Pour la seconde année consécutive, l’évolution des prix à La Réunion est inférieure à celle de la France entière (+0,5 % et 0,0 % en moyenne annuelle en 2014 et 2015).
En rythme annuel, le profil de l’évolution de l’inflation est assez erratique mais orienté à la hausse. Après un point bas au premier trimestre (en contraction de plus de 1 %), la croissance des
prix est devenue progressivement moins négative, jusqu’à repasser positive en fin d’année, à +0,5 % en glissement annuel. En 2014, au contraire, l’inflation avait décéléré progressivement tout
au long de l’année. Elle était passée en territoire négatif à partir du second semestre, terminant l’année en contraction de 0,6 % en glissement annuel.
La baisse historique en moyenne sur l’année s’explique par la forte contraction de la composante énergie (-6,9 %), en lien avec la chute des prix du pétrole (le prix du baril de « Brent
brut » passant de 74,2 euros en moyenne en 2014 à 47,2 euros en 2015). Les prix de la composante carburant de l’IPC ont ainsi baissé de 11,3 % en moyenne à La Réunion. Au total, la
composante énergie de l’indice contribue pour -0,54 point à la croissance totale de l’indice (- 0,3 %). Les autres composantes sont quasi stables ou en hausse très modérée. Le poste
alimentation est celui qui progresse le plus fortement (+0,5 % en moyenne), soit une contribution positive de 0,09 point. Les services progressent de 0,3 % en moyenne, le tabac de 0,1 % et les
produits manufacturés sont stables.
En rythme annuel en fin d’année, toutes les composantes affichent des taux de croissance plus élevés ou moins négatifs qu’à fin 2014, sauf le tabac qui est stable alors qu’il progressait de
3,1 % fin 2014. A fin décembre 2015, la composante alimentation progresse de 1,8 % par rapport à décembre 2014 (elle était stable fin 2014), les produits manufacturés sont en contraction de
0,1 % (-0,5 % fin 2014), la composante énergie en recul de 3,9 % (-5,3 % en 2014) et celle des services en progression de 1,0 % (leurs prix étaient stables fin 2014).
Lire le rapport annuel de l’IEDOM
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