Le mouvement des « gilets jaunes » à La Réunion durant la deuxième quinzaine de novembre 2018, dont l’une des principales revendications porte sur le pouvoir d’achat, conforte l’existence de l’OPMR en tant qu’instance de dialogue et outil d’aide à la décision
Les revendications exprimées ont été nombreuses, diverses et parfois contradictoires. Mais elles partageaient une volonté citoyenne de faire entendre une voix différente, sans intermédiaire, dans le débat public.
Ce mouvement social questionne les inégalités économiques et sociales dans une société à deux vitesses. Il interpelle, sans véritable porte-parole, les élus sur leur rôle et plus largement sur toutes les formes de représentation. Il interroge enfin le rôle des entreprises accusées, dans certains secteurs, d’abuser de leur position dominante.
En réponse à ces questions, la publication de notre bilan en bas de cet article montre que l’activité de l’OPMR a été très soutenue en 2018 avec, en particulier, la tenue de quatre séances plénières en cours portant sur les sujets suivants.
– le 7 juin 2018, la présentation de l’actualisation de l’étude réalisée par le cabinet MARPIJ sur la formation des prix de la téléphonie numérique et des offres triple-play à La Réunion de juin 2017 ;
– le 18 juillet 2018, la présentation de l’étude relative à la formation des prix des véhicules neufs à La Réunion ;
– le 30 octobre 2018, la présentation des résultats d’une étude en deux parties réalisée en partenariat avec l’INSEE sur les salaires à La Réunion, la première dans les entreprises, la seconde dans les administrations publiques ;
– le 19 décembre 2018, la présentation de l’étude relative à la formation des prix des matériaux de construction dans le gros œuvre et le génie civil à La Réunion et la formulation de son avis sur le BQP 2019.
Concernant plus particulièrement le bouclier qualité-prix, de nombreuses critiques ont été émises par le mouvement des gilets jaunes à l’encontre du BQP, notamment sur la transparence, la sélection et la qualité des produits, la réalité de l’effort de réduction des prix consenti par les professionnels, l’impact réel du dispositif sur le pouvoir d’achat. En réponse à ces critiques, lors de son déplacement à La Réunion, la ministre des outre-mer a formulé dans son discours du 29 novembre 2018 quatre propositions majeures :
– la réduction du prix du panier BQP de 10 %;
– le remplacement des 20 produits les moins vendus par des produits équivalents de gamme supérieure ;
– la création d’un panier « péi » ;
– la sélection de 50 personnes pour accompagner les travaux de l’observatoire.
Dans son avis rendu le 19 décembre, l’OPMR a réagi à ces événements en indiquant notamment que « la grave crise qui vient de secouer l’île doit être l’occasion de questionner et repenser le dispositif qui n’apparait pas comme un instrument efficace de lutte contre la vie chère ».
A cette fin, il recommande en particulier « d’engager une réflexion, associant largement la population, sur la refonte du dispositif du BQP et plus généralement sur la recherche d’instruments et de mesures de régulation plus efficaces des prix des services et marchandises à La Réunion respectueux des logiques de développement durable et de développement de l’emploi local ». Autrement dit, une évaluation du dispositif s’impose.
Dans l’attente des résultats de cette consultation et d’une refonte du dispositif, l’OPMR estime « indispensable de reconduire provisoirement le dispositif actuel moyennant les aménagements suivants permettant d’en améliorer l’efficacité :
un alignement dès le stade de la négociation des prix cibles sur les prix constatés, sous réserve de l’équilibre entre la valeur des produits retirés et la valeur des produits de remplacement.
une vigilance sur le remplacement des 20 produits les moins vendus par des produits de qualité supérieure, l’application de cette mesure à la lettre pouvant conduire à des aberrations
une contribution à l’effort de modération des prix est attendue de la part des entreprises de fret maritime et des transitaires, dorénavant associés à la négociation conduite par le préfet..
un renforcement du suivi et des contrôles du dispositif tout au long de l’année ».
Concernant enfin la sélection de 50 personnes pour accompagner les travaux de l’observatoire, la composition de celui-ci étant définie par le décret n° 2013-608 du 9 juillet 2013 relatif aux modalités de désignation des membres de l’observatoire des prix, des marges et des revenus, la proposition de la ministre des outre-mer doit être étudiée à l’aune de cette contrainte réglementaire pour envisager les suites à lui donner.
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