Aurélien Daubaire, directeur de l’Insee La Réunion-Mayotte et Jocelyn Cavillot, vice-président de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus de La Réunion ont participé le 22 avril 2021 à une conférence de presse en webinaire relative aux résultats d’une étude réalisée en partenariat sur l’impact de la crise sanitaire sur les revenus des Réunionnais en 2020.
Présentée par Marylise Dehon, chargée d’études à l’INSEE, cette enquête montre que, en 2020, la crise sanitaire a moins touché l’économie de La Réunion que celle de l’Hexagone. Néanmoins, la population réunionnaise paraît particulièrement vulnérable. En effet, elle est plus sensible aux pertes éventuelles de revenus en raison de la prégnance de la pauvreté et du chômage.
Face à la crise, 33 % des Réunionnais, travailleurs pauvres ou aux revenus modestes, cumulent un risque élevé de baisse de revenus et une situation financière fragile avant même le début de la crise. Cette part est nettement plus élevée que dans l’Hexagone (22 %).
Indépendamment du niveau de ressources, le risque pour les actifs en emploi de voir leurs revenus diminuer dépend aussi d’autres facteurs. Les secteurs les plus touchés par la crise sont moins présents dans l’économie réunionnaise que métropolitaine. À l’inverse, davantage de ménages sont fragiles du point de vue financier, car ils dépendent du revenu d’activité d’une seule personne. De plus, les salariés sous contrat court et les indépendants, sont plus nombreux sur l’île qu’en métropole.
Par ailleurs, 35 % des Réunionnais tirent la majorité de leurs ressources de revenus de transfert (minima sociaux, allocations de chômage, etc.) et revenus du patrimoine. Si leurs niveaux de vie sont a priori préservés de la crise, ces ménages, majoritairement pauvres, peuvent avoir subi une augmentation de leurs dépenses.
A l’issue de cette présentation, Jocelyn Cavillot a rappelé tout l’intérêt de ce type d’étude réalisée en partenariat avec l’Insee qui s’inscrit dans la volonté des membres et des citoyens de l’OPMR d’approfondir la question des revenus dans la continuité des travaux du CESER qui ont montré que la problématique du pouvoir d’achat dépendait à 80% de la faiblesse des revenus.
La présente étude, a-t-il précisé, n’est pas seulement éclairante parce qu’elle traite de l’impact de la crise sanitaire sur les revenus mais aussi parce qu’on peut en tirer des enseignements sur la structure même des revenus perçus par les ménages réunionnais, permettant ainsi aux décideurs d’envisager les mesures les plus adaptées pour l’avenir.
La très grande précarité des ménages les plus fragiles doit être soulignée même si la situation de La Réunion montre aussi le rôle important d’amortisseur de crises que joue notre système de solidarité, comme lors de la crise financière de 2008-2009. Il y a en particulier un risque majeur à La Réunion qu’un nombre significatif de ménages basculent de modestes à pauvres (en perdant le seul revenu du foyer par exemple). Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’une vigilance doit être maintenue sur les prix en raison de l’augmentation des coûts du fret engendrée par la crise épidémique.
Les résultats complets de l’étude peuvent être consultés à l’adresse suivante : https://www.insee.fr/fr/statistiques/5356765
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