D’après une nouvelle étude de l’Insee, qui vient compléter celle qui a déjà été réalisée sur le niveau de vie et la pauvreté en 2014 à La Réunion en partenariat avec l’OPMR en septembre 207, 40 % des Réunionnais vivent en 2015 sous le seuil de pauvreté calculé selon la distribution des revenus de métropole, soit 342 000 personnes. Le taux de pauvreté est trois fois plus élevé qu’en métropole (14 %). La pauvreté est bien plus marquée que dans la région métropolitaine la plus concernée, la Corse (20 %). En 2015, la moitié des Réunionnais vivent avec moins de 1 190 euros par mois et par unité de consommation (UC). Ce niveau de vie médian est bien moindre qu’en métropole (1 690 euros par UC). Il est également plus faible que dans chacune des régions métropolitaines.
Moins d’emplois et plus d’aides sociales
Le manque d’emplois et de revenus d’activité expliquent en grande partie cette plus forte précarité. En 2015, seule la moitié des Réunionnais en âge de travailler occupent un emploi, contre les deux tiers en métropole.
À La Réunion, les personnes vivant dans les ménages dont les revenus d’activité (salaires, revenus des indépendants, indemnités de chômage) constituent la première ressource déclarée sont moins souvent exposés à la pauvreté (25 %) que les autres. Néanmoins, les revenus de ces ménages sont bien plus faibles qu’en métropole. D’une part, le poids des revenus d’activité dans le revenu disponible reste plus faible à La Réunion : dans les ménages réunionnais, le nombre de personnes percevant des revenus d’activité est moins élevé. D’autre part, les ménages sont plus grands qu’en métropole.
Les ménages réunionnais sont plus dépendants des prestations sociales (allocations familiales, aides au logement et minima sociaux) que ceux de métropole. Elles constituent ainsi la première source de revenu pour un quart des Réunionnais, soit quatre fois plus qu’en métropole. Ainsi, les Réunionnais perçoivent en moyenne 260 euros mensuels par UC de prestations sociales contre 115 euros en métropole.
Des communes rurales plus touchées par la pauvreté
Selon les communes, le niveau de vie mensuel médian par UC s’échelonne de 920 euros à Salazieà à 515 euros à La Possession. La pauvreté concerne davantage certaines petites communes rurales : plus d’un habitant sur deux à Salazie (60 %), Sainte-Rose (56 %), Cilaos (54 %) et Saint-Philippe (51 %).
Dans ces communes rurales, les habitants en âge de travailler sont bien moins souvent en emploi : c’est le cas de seulement 38 % d’entre eux. C’est également dans ces communes que les personnes pauvres ont les niveaux de vie les plus faibles de l’île. En
particulier, à Salazie, la moitié d’entre elles disposent d’un niveau de vie mensuel de moins de 710 euros par UC contre 765 euros à La Réunion. De plus, dans ces communes, les prestations sociales constituent plus souvent la principale source de revenu des
ménages : de 27 % des ménages à Cilaos à 32 % à Sainte-Rose.
La part de ménages dont les revenus principaux sont les prestations sociales est également élevée dans des communes où le taux de pauvreté est un peu moins fort. Au Port (35 %) et à Saint-Benoît (33 %), elle y est même la plus forte. À Saint-André, Saint-Louis et
Saint-Joseph, la part de ménages concernés est également importante (29 %). Dans ces cinq communes, le montant moyen des prestations sociales perçues est plus élevé (315 euros par UC) que dans les communes rurales les plus pauvres (280 euros par UC). En effet, plus de familles nombreuses et monoparentales y vivent. Dans chacune de ces communes, près d’un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Elles rassemblent un tiers des personnes pauvres résidant dans l’île.
Dans les communes les plus aisées, deux fois plus de personnes pauvres qu’en métropole
Dans les autres communes de l’Ouest et dans celles du Nord, les niveaux de vie sont plus élevés et la pauvreté moins présente. Toutefois, la pauvreté y reste à un niveau au moins deux fois supérieur à celui de métropole. Par exemple, elle touche plus d’un
habitant sur trois à Saint-Denis et à Saint-Paul. Par ailleurs, même si la part des ménages dont les revenus principaux sont les prestations sociales (22 % à Saint-Denis et 18 % à Saint-Paul) se situe en deçà de la moyenne régionale, elle reste trois fois supérieure à celle de la métropole.
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