Quatre mois après la publication de l’étude réalisée par le cabinet Elan Développement pour le compte de l’OPMR sur la formation des coûts des matériaux de construction, il est encore trop tôt pour effectuer un bilan définitif des conséquences de cette dernière. Néanmoins, de nombreux indices permettent d’ores et déjà de montrer que cette étude a suscité un intérêt important auprès des différentes parties prenantes du dossier et a commencé à produire quelques effets sur l’organisation de ce marché.
Sans prétendre à l’exhaustivité, ainsi est-il possible d’évoquer pêle-mêle :
– le succès grandissant d’un importateur local de ciment qui lui a permis d’augmenter ses ventes et de diversifier ses produits, contribuant ainsi à limiter le défaut de concurrence sur ce segment au bénéfice des utilisateurs finaux ;
– la publication du rapport Bareigts/Fasquelle d’évaluation de la loi de régulation économique dans les départements d’outre mer (autrement appelée loi Lurel), dont l’une des principales préconisations consiste à mettre en place une réglementation de la vente des matériaux sur le modèle de celle déjà pratiquée dans le domaine du carburant ;
– ou encore, plus récemment, le mémoire transmis par le groupe Ravate Pro à l’OPMR.
Dans celui-ci, les critiques de Ravate Pro portent plus particulièrement sur :
- le choix de l’échantillon des entretiens (absence perçue comme regrettable d’entretiens avec les négociants-revendeurs qui n’avaient pas été prévus dans le cahier des charges de cette étude),
- la comparaison jugée non pertinente entre des matériaux qui ne seraient pas identiques ni même similaires (critique de l’absence de prise en compte spécificités techniques des matériaux utilisés localement compte tenu de notre climat tropical),
- l’absence d’éléments suffisants sur la méthodologie adoptée pour cette comparaison,
- la formulation de préconisations qualifiées de « hasardeuses », en particulier celles de la mise en place d’une centrale d’achat par les bailleurs sociaux.
Ravate Pro a également procédé à des remarques plus spécifiques pour certains produits en réalisant en particulier des comparatifs de prix qui démontrent selon lui que ceux présentés dans l’étude seraient soit infondés (comparaison de produits non identiques), soit erronés (les prix seraient en réalité plus bas à La Réunion qu’en métropole sur les produits vendus dans l’île).
Le cabinet Elan Développement a bien voulu répondre point par point aux critiques de Ravate Pro. Il fait notamment valoir que :
- des relevés de prix ont bien été effectués auprès des négociants-revendeurs. Toutefois, la réalisation d’entretiens approfondis avec ces derniers n’a pas été jugée prioritaire,
- le choix des matériaux et la méthodologie utilisés pour la comparaison entre les DOM et la métropole sont tout a fait pertinents,
- la préconisation de créer une centrale d’achat et de coopérative a été identifiée au cours des entretiens avec les différents acteurs de la maitrise d’ouvrage publique et privée achetant des prestations présentant des composantes de matériaux identiques.
Ces éléments de réponse n’ont pas convaincu Ravate Pro qui maintient ses critiques. Il a été décidé, avec l’accord des deux parties, de publier leur mémoire.
Lire la réponse du cabinet Elan développementéponse ELAN lettre RAVATE PRO- 210216-VA
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