L’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) a publié son rapport annuel le 22 juin 2016. Cet ouvrage présente la structure de l’économie réunionnaise, la situation des différents secteurs ainsi que les évolutions monétaires et financières de La Réunion en 2015. L’embellie économique observée en 2014 (croissance de +3,1 %) s’est confirmée en 2015 et a même gagné en vigueur tout au long de l’année.Des signes d’essoufflement ont cependant été observés au premier trimestre 2016. Ils confirment l’idée qu’un haut de cycle serait peut-être déjà atteint. L’économie réunionnaise a donc besoin de nouveaux relais pour maintenir ou accélérer par elle-même son rythme de croissance et répondre aux besoins structurellement élevés en créations d’emplois.
Les moteurs de cette amélioration conjoncturelle, observe l’IEDOM, restent assez semblables à ceux de 2014 : une inflation historiquement basse et des taux d’intérêt exceptionnellement faibles, créant des conditions favorables pour une consommation robuste et un déploiement de l’investissement. La montée en puissance du chantier de la Nouvelle route du Littoral (NRL) se fait sentir et constitue logiquement un levier important. Par ailleurs, le regain d’activité du système bancaire, les mesures en faveur des entreprises (programmation européenne, CICE, etc.) ainsi que le début de reprise économique en métropole semblent engendrer des effets positifs sur l’environnement économique général. Sur le marché du travail, les dispositifs d’emplois aidés et la croissance soutenue de l’emploi salarié parviennent à enclencher une baisse du chômage.
Un climat des affaires favorable en 2015
L’amélioration de l’indicateur du climat des affaires (ICA) s’est poursuivie en 2015. Les signes d’inflexion mis en avant en fin d’année 2014 ne se sont pas matérialisés. Au contraire, l’indice progresse de 6,1 points en 2015 et s’installe au dessus de sa moyenne de long terme calculée depuis 1998 (période pendant laquelle le PIB a progressé de 3,2 % en moyenne). Néanmoins, il reste encore en deçà des niveaux observés entre 2005 et 2007, années de croissance particulièrement soutenue. Les composantes « passée » et « future » sont toutes deux bien orientées. Synchrones, elles ne donnent aucun signal vers une inflexion ou au contraire vers une accélération supplémentaire.
Accélération de l’emploi et légère embellie du marché du travail
L’accélération de la croissance de l’emploi se poursuit en 2015. A la dynamique soutenue de la croissance de l’emploi salarié marchand, s’ajoutent les emplois non marchands soutenus pas les
dispositifs d’aides de l’État. L’année 2015 est également marquée par une baisse du taux d’activité des 15-64 ans qui facilite le recul du taux de chômage, selon l’Insee (-2,2 points à 24,6 %). La
situation sur le marché du travail reste toutefois difficile et mitigée avec une poursuite de la hausse des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A.
L’inflation historiquement basse
Pour la première fois depuis la mise en place de l’indice des prix dans les années 60 par l’Insee, La Réunion affiche un taux d’inflation négatif. L’indice des prix à la consommation des
ménages baisse en moyenne de 0,3 % en 2015 (+0,2 % en 2014), alors qu’il est stable en France entière. Cette baisse historique s’explique par la forte diminution des prix des carburants (-11,3 %
en moyenne), le prix du baril de « Brent brut » en euros chutant d’un tiers. A l’inverse, les prix des produits alimentaires et des services augmentent, certes modérément.
Une consommation des ménages robuste, mais des signes de plafonnement
La consommation des ménages reste robuste en 2015. La bonne orientation de la masse salariale dans le secteur privé (+3,6 % en moyenne en 2015 après +4,4 % en 2014, et +1,6 % en France entière), conjuguée à une inflation négative soutient le pouvoir d’achat des ménages et donc la consommation. Le marché automobile réunionnais en tire profit, ainsi que des taux de crédit historiquement bas : les ventes de véhicules neufs grimpent de 8,2 % en 2015, soit la plus forte hausse depuis 2007. Les possibilités d’accélération supplémentaire de la consommation
semblent toutefois limitées, compte tenu des niveaux déjà atteints.
Frémissement des perspectives d’investissement
Les intentions d’investir se sont raffermies tout au long de l’année 2015, jusqu’à redevenir positives en fin d’année. Après avoir reconstitué leur trésorerie (aidées par le Crédit d’impôt compétitivité emploi) et dans un contexte économique mieux orienté, les entreprises se montrent enfin enclines à investir. Cette confiance retrouvée touche tous les secteurs, à l’exception du BTP et des autres industries connexes. Bien qu’à confirmer, ce frémissement de l’investissement laisse espérer l’enclenchement d’une dynamique plus pérenne, en complément de la NRL. Ce chantier
monte en puissance et soutient l’investissement.
La chute du prix du pétrole soulage les importations
Les échanges extérieurs évoluent favorablement à La Réunion en 2015. En valeur, les importations hors produits pétroliers progressent de 3,5 % et l’octroi de mer de 2,3 %, en lien avec
la demande interne. Avec une baisse de 22,9 % des importations de produits pétroliers, la chute des cours du pétrole se répercute sur la facture énergétique et ramène la progression des
importations totales à 0,4 % seulement sur l’année. Les exportations progressent pour leur part de 3,5 %, après deux années de baisses consécutives.
Une meilleure orientation dans la plupart des secteurs
L’activité du secteur de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche est bien orientée, avec une campagne cannière 2015 à nouveau en hausse (+7,5 % des volumes de cannes manipulées). La
filière agricole reste dynamique, avec des exportations (ananas notamment) en hausse de 13,6 %. L’activité d’abattage se redresse en 2015, après trois années de baisse. Le courant d’affaires perçu par les chefs d’entreprise du secteur des industries agro-alimentaires évolue de façon erratique, alternant des périodes de fort optimisme et d’autres plus modérées.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics est porté par la NRL. Le jugement des chefs d’entreprise interrogés est ainsi globalement positif. Cependant, toutes les autres filières sont en
difficulté. Le reste de la commande publique s’inscrit en repli et la baisse de la production de logements s’accélère. Au total, la Cellule économique du BTP estime une baisse de 3,5 % du chiffre
d’affaires du secteur en 2015, allant jusqu’à -9,9 % hors NRL.
Dans le sillage du BTP hors NRL, le courant d’affaires dans le secteur des industries manufacturières est mal orienté. L’activité est jugée défavorable et les prévisions d’investissement
sont en berne.
Le climat des affaires continue de se redresser dans les services marchands. L’opinion des entrepreneurs interrogés sur l’activité reste encore en dessous de sa moyenne de longue période
mais s’en rapproche progressivement. Par ailleurs, l’activité touristique se redresse en 2015. Sur l’ensemble de l’année, le nombre de nuitées s’accroît de 11,0 %. De plus, tous les indicateurs
témoignent que la « haute saison », qui se concentre surtout sur les mois d’octobre et novembre, a été bonne.
Lire le rapport annuel de l’IEDOM
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